Séminaire COURNOT – Pierre Dockès (Univ. Lumière Lyon 2, Triangle)
Le 04/06/2021
De 14:00 à 15:30
Détails de l'événement :
« Le capitalisme peut-il survivre ? » Une question d’hier et d’aujourd’hui.
Résumé :
Quand on s’intéresse à l’évolution du capitalisme depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, à ses crises et à ses mutations anciennes et récentes, aux théories afférentes (cf. Pierre Dockès, Le capitalisme et ses rythmes, 2 tomes, Classiques Garnier, 2017-2019), il apparait que l’interrogation sur la survie du capitalisme revient régulièrement, et cela paradoxalement presque dès l’origine, et il n’est pas étonnant que ce rythme épouse plus ou moins celui des grandes crises « existentielles ». Évidemment le Schumpeter de Capitalism, socialism and democracy n’y échappe pas et notre époque pas davantage alors que fleurissent les discours sur la fin (« le monde d’après »), des eschatologies light, et même apocalyptiques.
Le capitalisme est en crise, mais s’agit-il d’une crise du capitalisme ou de la forme de capitalisme que nous connaissons ? Tenter de répondre à cette question suppose que l’on revienne sur ce qu’est le capitalisme, sur ce qui perdure lorsqu’il mute, passant d’un ordre productif à un autre (première partie). Jusqu’ici, en effet, le capitalisme a toujours réussi à s’adapter, à répondre aux défis qu’il a lui-même généré, à faire une force des mutations qui lui étaient imposées. Si, tel l’oiseau Phénix, il est rené chaque fois de ses cendres, en sera-t-il capable cette fois ? Les auteurs du passé peuvent-ils nous éclairer lorsqu’ils pensent, pour leur temps, la fin du libéralisme ou du capitalisme ou l’épuisement du système productif. Des analogies avec notre époque sont-elles possibles ? (deuxième partie).
Le capitalisme d’aujourd’hui est confronté à l’essoufflement des gains de productivité et de pouvoir d’achat, aux inégalités plurielles et aux conflits de répartition, à la crise environnementale et climatique. Il a généré ces phénomènes et ceux-ci génèrent des crises politiques, suscitent un risque d’autoritarisme. Le capitalisme ne peut pas survivre sous sa forme présente, sauf à laisser se faire une évolution cataclysmique, et il ne le pourra pas en se contentant d’adaptations incrémentales, il doit accoucher d’un nouvel ordre productif. Sera-ce à nouveau un régime capitaliste ? Probablement, mais divers scénarios sont ouverts (troisième partie). À nous de faire advenir, maintenant, le plus satisfaisant.