Séminaire NANCY – Sylvain Chabé-Ferret (TSE)

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Titre : Qualité de l’eau, effets de diffusion des politiques et comportement des agriculteurs (co-écrit avec Annie Ouin, Arnaud Reynaud et Eva Tène)

Résumé : Le cycle de l’azote est l’un des cycles géochimiques les plus perturbés sur terre. L’activité humaine, principalement par le biais de l’agriculture intensive, libère des sous-produits azotés tels que les nitrates et l’ammonium dans l’environnement, où ils ont un impact considérable sur la santé humaine, la biodiversité et le changement climatique. L’une des réglementations les plus anciennes et les plus ambitieuses au monde en matière d’utilisation de l’azote est la directive européenne sur les nitrates, qui non seulement fixe des limites à la quantité et au calendrier d’épandage de l’azote, mais rend également obligatoire l’adoption d’outils modernes de gestion de l’azote dans le but d’améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’azote. Nous tirons parti de la variation géographique et temporelle de la mise en œuvre de la directive sur les nitrates en France pour estimer ses effets causaux sur la qualité de l’eau, la biodiversité et les pratiques, la productivité et les bénéfices des agriculteurs dans un cadre de différence dans la différence (DID). Nous modifions l’estimateur DID pour tenir compte de l’existence d’effets de diffusion le long des cours d’eau, en tirant parti des développements récents dans l’analyse des essais contrôlés randomisés sur un réseau d’unités interdépendantes. Il s’agit d’une extension méthodologique qui peut s’avérer intéressante pour des applications similaires. Nous constatons que la directive européenne sur les nitrates a réduit la concentration de nitrates dans les eaux de surface de 1,23 milligramme par litre, soit une diminution de 8 %. Nous constatons une relation dose-réponse claire, avec des effets plus importants lorsque la directive couvre une plus grande partie de la zone en amont. Nous constatons également que d’autres indicateurs biochimiques, ainsi que la biodiversité, mesurée par le nombre de poissons et d’espèces de poissons, se sont également améliorés grâce à la directive. Nous constatons également que la directive a réussi à améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’azote et la productivité des agriculteurs et qu’elle n’a pas diminué leurs bénéfices. Ces résultats sont conformes à l’hypothèse de Porter. Enfin, nous montrons que le fait de ne pas tenir compte des effets de diffusion biaise l’estimation de l’effet de la directive obtenue avec un estimateur DID classique et l’estimateur de discontinuité géographique plus récent.